Rien et autres nuées

Stéphane Junique, capitaine du vaisseau amiral Harmonie mutuelle, qui se targue d’être la première mutuelle de France avec plus de 4 millions d’assurés en santé, a pris la décision surprenante d’appliquer dès 2019 la réforme dite du reste à charge zéro. Alors que le dispositif reste un mirage lointain – 2021 c’est loin, et que les spécialistes collapsologues agitent le spectre d’une médecine low cost à l’arrière-goût de retour vers le futur, le président persiste et signe, espérant entraîner dans son sillage épique le reste de la troupe

« Nous partîmes cinq cents et par un prompt renfort… » Stéphane Junique comptait sans doute dépasser les 3000 en arrivant au port ? Son acte reste pour l’heure isolé. Coup médiatique ou sens social chevillé au corps ? La mutuelle Harmonie évoque « l’intérêt de ses adhérents » et la volonté de « lutter contre le renoncement aux soins pour des raisons financières qui touche encore trop de Français ». Dans un vibrant communiqué de presse, la mutuelle plaise sa cause : « La question de l’accès aux soins est en effet au cœur de l’ADN d’Harmonie Mutuelle. Elle agit résolument en ce sens notamment en prenant à nouveau ses responsabilités sur le sujet des reste-à-charge ». Tout en assurant qu’aucune hausse des cotisations n’accompagnera ce geste.

Une charité bien ordonnée ?

Précisons toutefois qu’il s’agit d’offrir cette prestation aux 2 millions de personnes qui ne bénéficient pas d’un contrat d’entreprises, soit des retraités, travailleurs indépendants, libéraux… et qu’ils devront pour cela se rendre chez un des 4 200 opticiens, 3 500 audioprothésistes et 3 300 dentistes conventionnés, dont les tarifs, assure Stéphane Junique, sont facturés 20 % moins cher aux adhérents de sa mutuelle. Une anticipation à moindre coût, donc, et qui sert le réseau. L’opération a cependant été chiffrée à dix millions d’euros en 2019 et 3,3 millions en 2020.

N’oublions pas non plus qu’Harmonie appartient au groupe VYV, qui assure dix millions de Français, rassemble près de 1 000 établissements de soin dans dix-sept domaines d’activité, devenant ainsi le premier opérateur non lucratif en France. Ceci n’est pas un mirage.

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