Qui va payer le RAC zéro ?

Le reste à charge zéro avance masqué. Alors que la traditionnelle étude de la Direction de la recherche et des études statistiques de la Sécurité sociale (la Drees) sur les dépenses de santé montre qu’en 2018, les Français ont consacré en moyenne 3 037€ à leur santé, il n’en demeure pas moins que sur cette somme, 78% sont de fait payés par la Sécu.

Le reste à charge des ménages, ce que les Français paient de leur poche est d’environ 210 € par an, soit 7% des frais réels de santé, contre 7,5% en 2017. Même si ce budget varie considérablement selon l’âge ou l’état de santés, sera-t-il équivalent à zéro avec le reste à charge zéro ?

Peut-être est-il bon de rappeler, en ces temps de trouble dans le pacte républicain et alors que le rituel projet de loi de financement de la Sécurité sociale sera examiné prochainement par le Parlement, que le système français est un mix entre la cotisation et l’assurantiel. La CSG, les cotisations sociales, c’est vous qui les payez. Et puis, vous payez aussi une complémentaire pour avoir un peu de marge au-delà du pot commun de la solidarité nationale.

Et là, alors qu’Agnès Buzyn ne cesse de rappeler à l’ordre les complémentaires pour qu’elles ne répercutent pas sur leurs tarifs les surcoûts liés à la mise en place du RAC 0, c’est un peu la foire d’empoigne… Selon l’AFP, qui a consulté une demi-douzaine de courtiers, la tendance haussière serait engagée, notamment pour les plus âgés ou les personnes mal couvertes… La Macif a beau jeu de déclarer qu’elle ne ferait pas subir à ses adhérents l’inflation annuelle des coûts de santé (un élément de calcul qui n’a rien à voir avec le RAC 0), elle prévoit quand même d’appliquer une hausse tarifaire liée à l’âge (!)… Depuis Coluche, tout le monde connaît la chanson : Mieux vaut être jeune et riche que pauvre et sans-dents…

Mais le Gouvernement met la pression sans relâche sur le secteur qui, entre la réforme du RAC 0, celle de l’aide à la complémentaire santé qui devient au 1er novembre une CMU-C contributive, et les exigences de transparence ou « engagement pour la lisibilité des garanties de complémentaire santé » qui doit permettre aux assurés de mieux comparer les offres, semble pour l’instant le plus stressé…

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