Nos très chers vieux

Au vu de la pandémie, le titre de cet édito pourrait paraître honteusement déplacé… Cependant, la publication du Haut conseil de la famille et de l’enfant du 17 avril dernier nous a titillé l’œil. « L’incidence des réformes du 100 % santé et de la complémentaire santé solidaire pour les personnes âgées » indique en effet que plus nous vieillissons, plus nos dépenses de santé augmentent : 4 460€ par an de 60 à 79 ans et 7 230€ pour les plus de 80 ans. Bien sûr, nous avons déjà paraphrasé ici notre philosophe favori, Coluche, qui disait qu’il valait mieux être jeune et en bonne santé que vieux et malade, mais quand même, 7 230 € par an, c’est le prix d’une très belle croisière, non ?

La solidarité nationale

Heureusement l’assurance maladie prend 80% de ce montant à sa charge, le reste à charge est donc en moyenne chez les personnes âgées de 832€ par an. 

Mais là où le bât blesse, c’est que la couverture complémentaire des plus âgés est beaucoup plus chère. À la retraite, en théorie, ils ne bénéficient plus des contrats collectifs supportés en partie par les entreprises. Donc pour un ménage de plus de 60 ans, le budget annuel du RAC et des cotisations complémentaires s’élève à 1 800 €, les trois quarts étant affectés au paiement des primes… 

Les niveaux de retraites étant disparates ainsi que les garanties proposées, on perçoit facilement la part que cela peut représenter sur les budgets des ménages.

Et le RAC zéro dans tout cela ?

Tout comme les primes, le RAC augmente avec l’âge. On l’a dit au premier paragraphe, si vous suivez bien. La philosophie du 100% santé ou RAC zéro, dans une société où le risque de solidarité intergénérationnelle s’effrite, est de permettre un accès aux soins renforcé pour ces tranches d’âge. Et de réduire à zéro le taux de renoncement aux soins qui reste assez important, pour les plus de 65 ans : 9% en optique, 15% dentaire et 30% en audioprothèses.

Mais ça c’était avant. Dorénavant le déficit de la sécurité sociale est estimé à 41 milliards d’euros en 2020, pire que le vertigineux déficit de 2010, qui avait suivi la crise de 2008. Les assurés n’en sont pas responsables, mais après avoir vu l’augmentation de leurs cotisations en dépit des engagements des organismes complémentaires, ils verront peut-être le panier de soins solidaire réduit comme peau de chagrin en 2022.  

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