Liberté, égalité, made in France ?

À l’occasion d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, le sénateur Xavier Iacovelli (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants), élu des Hauts-de-Seine, s’est ému que le dispositif du 100 % santé ne bénéficie pas complètement au made in France. Low cost, sûrement pas français, a-t-il insinué, souhaitant « favoriser la production française et soutenir nos PME », via un label « visant à mieux informer nos concitoyens et à les éclairer dans leurs choix ».

Cette auto-qualifiée « piste de réflexion intéressante » a suscité une molle réponse de la part du ministère de la Santé, arguant tout de même d’un bilan positif, « 48 % des prothèses dentaires posées entre janvier et septembre 2020 sont incluses dans le panier « 100 % santé » sans reste à charge pour les Français », a-t-il bataillé sans préciser l’origine des produits. « Certaines [prothèses] sont d’origine française. Les verres sont traités antirayures, antireflets et amincis. Il ne s’agit absolument pas de matériel low cost ou au rabais. »

Le Groupement des industriels et fabricants de l’optique estime quant à lui exorbitant « le prix payé par la filière de fabrication pour le succès de cette réforme, alors que ces verres et ces montures 100 % santé ne sont pas fabriqués en France ». Lors d’une réunion du comité de suivi de la réforme le 15 septembre dernier, il a évoqué « la difficile quadrature du cercle pour un gouvernement récemment engagé en faveur de la relocalisation des capacités de production en France, notamment s’agissant des industries de santé ».

Ce 100% santé, ce reste à charge zéro, ce « raque zéro », est-il une reforme compatible avec les attentes de chacun : patients, professionnels de santé, mutuelles, réseaux, industriels et l’État ?
NON !
Pour citer Mendès France (on a les références de ses artères…) : « Gouverner, c’est choisir, si difficiles que soient les choix. Choisir, cela ne veut pas dire forcément éliminer ceci ou cela, mais réduire ici et parfois augmenter ; en d’autres termes, fixer des rangs de priorité. »

Ainsi on ne peut que se réjouir du départ en fanfare du 100% santé dans le secteur de l’audition, une étude Harris interactive pour l’UFC-Que choisir et le réseau Santéclair, citée par le sénateur Iacovelli, a montré que 50 % des ventes d’appareils auditifs réalisées en janvier et février 2021 (dès leur intégration dans le dispositif) ont porté sur des offres sans reste à charge.  
On sabre le champagne d’un coté, soupe à la grimace de l’autre… Quel est la provenance des appareils de classe 1 auditif ?
La question est légitime et attend une réponse circonstanciée des pouvoirs publics que ce soit en audio, optique ou dentaire.
Les origines des produits multiples, les labels nombreux : « Made in France », « Origine France Garantie »… doivent être explicites pour le patient citoyen et contribuable.

La liberté d’un choix avisé et responsable, c’est ce que nous attendons de notre système de santé.

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