Liberté, égalité, 100% santé ?

C’est un sondage qui devrait ravir la rue de Ségur, où niche le ministère de la Santé (s’il n’était pas débordé de tous côtés par des variants qui rendent la surveillance des courbes épidémiques sismique : un coup on pense que ça va, le lendemain on reconfine à Dunkerque… Bref !). Selon le baromètre BVA pour le syndicat des audioprothésistes, si 51% des Français ont entendu parler de la réforme du 100% Santé, ils sont 88% à penser que c’est une bonne réforme ! Neuf Français sur dix contents, on devrait carrément faire sauter les bouchons de champ’, non ? 

« Cette réforme est la meilleure du monde » a déclaré l’optimiste patron du syndicat, Luis Godinho, lors d’une conférence de presse le 23 février. Que nous envieraient les autres pays européens ! C’est vrai qu’en Angleterre, le panier 100% santé n’est pas folichon, si l’on en croit les films où tous les boys portaient les mêmes lunettes à montures noires, pas sexy pour un sou. Il paraîtrait même, toujours selon Luis Godinho, que des Français résidant à Londres (il en reste quelques-uns après la vague du Brexit…) apprécieraient de venir se fournir ici, chez les audioprothésistes sympas qui, en plus de fournir des appareils de qualité, offrent aussi du conseil…

L’audio est le dernier secteur à être couvert par le 100% santé depuis le 1er janvier dernier. Comme l’optique et le dentaire, il pourra profiter de l’augmentation du recours aux soins, l’objectif affiché par la réforme. Mais comme l’a montré une étude de Carte Blanche partenaire, les Français apprécient d’avoir le choix : le panier du 100% ou les montures plus chères, la classe II plutôt que la classe I, contrairement à nos meilleurs ennemis les Anglais qui doivent prendre les trucs moches du NHS (National Health System). Ainsi la part de l’offre 100% santé en optique est de 7,2% dans le réseau qui réunit 3 opticiens sur 5 en France, contre 53% dans le dentaire. « Le choix et la décision appartiennent aux consommateurs », indique la plateforme.

Liberté, c’est inscrit au fronton de nos mairies. Et en ces temps de couvre-feu, confinement et autres interdictions, la liberté aussi minime soit-elle, fait du bien…

Et c’est sans doute cette soif de liberté qui a poussé les mutuelles à augmenter leurs tarifs et à moins bien rembourser des prestations qui ne sont pas couvertes par le 100%… Pour l’UFC Que choisir, qui veille au grain et dénonce « la maladive cupidité » de certaines mutuelles, trop c’est trop ! Certains contrats subissent une inflation de 4,1% alors que les mutuelles ont profité de la crise sanitaire (moins de soins à rembourser). L’association admoneste le Gouvernement et lui demande d’assurer une meilleure lisibilité des garanties, pour que la résiliation à tout moment du contrat d’assurance, entrée en vigueur le 1er décembre dernier, devienne une réalité.

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