Ça patine dans la semoule… À quelques mois de la mise en application de la réforme, désormais mieux connue sous le nom de « 100% santé », le diable se niche dans les détails – comme souvent – et certains agitent le spectre d’un retard à l’allumage.
Selon les professionnels de l’optique, un chantier freine la volonté gouvernementale : celui des codes LPP fournisseur, nécessaires à la prise en charge des équipements optiques. Les opticiens doivent détenir une identification individuelle de chacun des produits inscrits en description générique sur la liste des produits et prestations prévue à l’article L. 165-1. Vous n’y comprenez rien ? C’est normal. Disons que les anciens codes n’avaient pas été révisés depuis, pff… et qu’il en faut des nouveaux pour correspondre aux dispositifs médicaux pris en charge à 100%. La Sécurité sociale vient donc d’inventer un double système, une tolérance de coexistence pendant quelques mois des anciens et des nouveaux codes. Jusqu’en juillet 2020 pour l’optique médicale et le grand appareillage orthopédique.
De la cuisine interne, certes. Mais les bons codes font les bons amis. Surtout que s’ajoute à cette première complexité l’exigence formulée par la ministre de la Santé d’avoir un tiers-payant intégral fonctionnel en même temps que le 100% santé. Et là, nos amis des organismes complémentaires ne sont pas contents, ils ne veulent pas qu’on leur impose des choses.
Rappelons que cette idée ne date pas d’hier : Marisol Touraine alors ministre de la Santé l’avait prévu pour 2017, personne n’était pour, enfin pas les médecins libéraux ni les complémentaires, donc. Un rapport de l’Inspection générale des affaires spéciales plus tard, et quelques développements informatiques aussi, une plateforme dite Paymed a été testée, dans six régions. Elle a l’air de fonctionner mais voilà le hic : « InterAMC, qui réunit les plus grosses complémentaires santé, refuse de passer une convention nationale et collective. Il veut que chacune des 474 complémentaires signe une convention avec chaque professionnel », a expliqué Luis Godinho, président de l’Unsaf, au Parisien.
Comment voulez-vous qu’on y arrive ?
Techniquement nous savons faire, a déclaré la ministre. Il suffit que les professionnels de santé s’en emparent et que les complémentaires jouent le jeu. À cette complexité politico-technocratique, certains préfèrent une 100% Sécu, un système où la Caisse assurerait une prise en charge complète des soins, conduisant à la disparition des complémentaires. Des doux utopistes ?